Immobilier : rénovation énergétique, pourquoi les Français hésitent encore à franchir le pas
Coûts élevés, complexité administrative, instabilité réglementaire…
Alors que l’urgence climatique et les impératifs de performance énergétique sont désormais largement admis, les Français peinent encore à passer à l’action. Une étude récente de BNP Paribas Personal Finance, réalisée avec Harris Interactive, révèle un paradoxe : des convictions fortes, mais des actes encore trop rares. Décryptage d’un sujet crucial pour l’avenir du parc immobilier.
Une prise de conscience généralisée, mais…
L’étude menée dans 8 pays européens (*), auprès de 11 700 répondants, place la France en tête sur la sensibilité aux enjeux énergétiques :
- 94 % des Français jugent prioritaire d’améliorer la performance énergétique des logements (vs 89 % en Europe)
- 94 % estiment essentiel de prévenir les risques climatiques comme les incendies et inondations (vs 87 %)
- 74 % identifient l’efficacité énergétique comme un enjeu majeur, devant même les risques naturels
Cette forte prise de conscience s’explique par une législation particulièrement incitative (voire contraignante) en France, notamment à travers le déclassement des passoires thermiques (DPE F et G).
Pourtant, cette mobilisation intellectuelle ne se traduit pas toujours dans les faits.
Des freins structurels qui bloquent le passage à l’acte
Près de 44 % des Français déclarent vouloir rénover, mais y renoncent, selon l’enquête. Deux principaux obstacles reviennent :
- Le coût jugé trop élevé
- La complexité administrative (pour 72 % des répondants)
L’obtention des aides (MaPrimeRénov’, éco-PTZ, Certificats d’économie d’énergie…) reste un parcours du combattant, malgré leur abondance. Le manque de lisibilité freine les ménages, qui ne savent pas par où commencer, ni quels artisans choisir.
Autre blocage majeur : l’incapacité à estimer concrètement les économies d’énergie post-travaux. Aucune garantie chiffrée, aucun engagement contractuel, aucun outil fiable. Un vrai angle mort qui mine la confiance.
« Les gens ne veulent pas dépenser 20 000 ou 40 000 € sans savoir ce qu’ils vont récupérer derrière. » — Flavien Neuvy, Observatoire Cetelem
Instabilité réglementaire : un climat d’incertitude
L’étude pointe un irritant supplémentaire : 68 % des Français dénoncent des règles qui changent sans cesse. Cela nourrit l’attentisme, notamment chez les propriétaires bailleurs, dont 13 % refusent d’agir en attendant un “nouveau changement de norme”.
“Pourquoi rénover maintenant si la réglementation change encore l’année prochaine ?” résume un répondant.
Cette instabilité pèse lourdement sur la prise de décision. Elle crée une forme de paralysie collective, alors même que l’État multiplie les signaux pour accélérer la transition du parc résidentiel.
Valorisation du bien : une motivation de fond
Malgré les freins, les Français ne sont pas dupes : 85 % reconnaissent que la performance énergétique influence (ou influencera) le prix de vente. Et 80 % estiment qu’une rénovation est indispensable pour éviter une décote à la revente.
La rénovation énergétique n’est donc pas seulement un enjeu climatique. Elle est un levier de valorisation patrimoniale et un facteur de confort durable. Les ménages en sont conscients, mais demandent plus de clarté, d’accompagnement, et de lisibilité.
Analyse de Yoann Maxel, spécialiste du LMNP
« Cette étude confirme un point essentiel pour les investisseurs en LMNP : la rénovation énergétique devient incontournable, mais elle reste un parcours opaque pour la majorité. Cela ouvre deux types d’opportunités. D’abord, pour ceux qui investissent dans l’ancien à rénover, il est stratégique de structurer le projet en amont avec un accompagnement technique et financier solide. Ensuite, pour ceux qui ciblent des biens déjà rénovés ou en résidence gérée, c’est une valeur ajoutée immédiate en termes de rendement net, de confort pour le locataire, et de valorisation à la revente. Les résidences LMNP qui affichent une bonne performance énergétique seront les grandes gagnantes des années à venir. À condition d’anticiper dès aujourd’hui.